mardi 24 avril 2012

"Libération" minimise la loi de 1973 et ses répercutions.

Peu de personnes ont déjà entendues parler de la loi de 1973.
Et pourtant elles devraient, il s'agit en effet de l'une des grande traîtrises conduisant a l'effondrement économique du pays, ainsi que de la créance sur le travail futur des Français. Il n'est pas étonnant que nos merdias cherchent à minimiser l'affaire.
Il ne faudrait pas non plus que le peuple Français découvre qu'il a le devoir de s'opposer face à son esclavage programmé.


Albertini commence par suggérer que contester la loi de 1973 est une idée extrémiste, puisque émanant de partis politiques « extrêmes ». Ceci est techniquement vrai, et pour cause : la gauche et la droite « modérées » (dont nous allons voir, en l’occurrence, qu’elles ne le sont pas du tout, modérées) sont tombées d’accord pour verser annuellement des milliards à la finance, c’est-à-dire aux plus riches. Plus de mille milliards pour la seule période allant de 1979 à 2006 (2). L’argent vient des deniers publics, c’est-à-dire des impôts, directs et indirects, payés par toutes les couches sociales, des plus pauvres (par la TVA notamment) aux plus riches. Que les ménages les moins favorisés versent une rente à la finance est-il une idée « modérée » ? Fort peu ! Conséquemment, ce sont bien les partis dits « extrémistes » (« minoritaires » serait en l’occurrence plus juste) qui ont la position la plus raisonnable et qui se mobilisent à bon escient. Ce transfert des pauvres vers les riches pose, sur le principe autant que dans son ampleur, un problème inédit, qui aurait mérité mieux de la part de Libération qu’un article dont nous allons mesurer la fragilité.



Un risque d’inflation ?
Albertini tente de justifier la loi de 1973 par le sempiternel argument du risque d’inflation, inflation qui, au demeurant, pénalise surtout le capital. Or, la décennie qui a suivi l’instauration de cette loi a connu une inflation à deux chiffres, tandis que ces dernières années, l’inflation est restée modérée malgré une création monétaire galopante. Preuve que la création monétaire n’est, au mieux, qu’un facteur parmi d’autres.
Quand bien même, l’argument du risque serait contestable en ce qu’il suppose que nos gouvernants ne sont pas responsables et ne doivent pas détenir les clés de la « planche à billet », planche dont l’usage excessif (nous soulignons : « excessif ») peut en effet déboucher sur une inflation non maîtrisée. Or, nos gouvernants prennent quotidiennement des décisions engageantes pour l’avenir, par exemple en maintenant la législation sur les rejets radioactifs et chimiques dans l’environnement, la vaccination obligatoire, etc. Autant de domaines où l’abandon des lois ne créerait des crises sanitaires qu’à moyen terme, bien après que le gouvernement fautif soit parti. Et pourtant, ces législations perdurent et restent dans le giron de l’État. Pourquoi faire exception pour la création monétaire, exception qui aboutit au versement de sommes colossales au privé, sur les deniers publics, et sommes qui devraient nous amener à nous méfier de la sincérité de certaines explications économiques ?
La dette crée l’argent
Rappelons que dans le système monétaire qui est le nôtre, la dette est le seul moyen de créer de l’argent (3), faisant de l’emprunt un acte vertueux et indispensable. La croissance de la masse monétaire passe (forcément) par la dette. Par ailleurs, le fait que l’argent soit désormais créé ex nihilo par de simples écritures informatiques, et ne soit donc pas forcément “pris” à quelqu’un, justifie de réétudier l’utilité et la moralité du versement des intérêts. Sont-ils indispensables dans tous les cas ?
Le point de vue d’ATTAC
Dans un but louable d’équilibre journalistique, Albertini cite l’économiste et membre d’ATTAC Dominique Plihon, selon lequel la banque centrale « doit [financer directement les États] en temps de crise ». Ce fut le cas, en partie, et indirectement, pendant la crise de 2008 et sonne d’ailleurs comme une confirmation de la justesse des critiques à l’encontre de la privatisation de la création monétaire, principe qui a donc été trahi lors de certaines opérations de la banque centrale européenne. Mais, et l’article ne le dit pas, la position d’ATTAC va plus loin que les seules situations de crise. Dans un article édifiant, ramenant la dette publique à sa cause première : la mondialisation libérale, ATTAC qualifie la loi de 1973 d’ « acte fondateur, et destructeur » et préconise sans détours que les banques centrales « [puissent] financer directement par création monétaire les déficits publics », dans le cadre « d’objectifs économiques, sociaux et écologiques » (4). L’association altermondialiste y explique comment la mise en compétition des pays, opérée par la mondialisation, a créé une course au moins-disant social qui a tari les recettes publiques, créant un déficit chronique que les États à haut niveau de protection sociale compensent, donc, par l’endettement. Autrement dit, non seulement les riches refusent de payer les impôts mais ils exigent de percevoir les intérêts de la dette ! Double avantage pour les intérêts privés, et double pénalité pour le public qui paie la dette sans pour autant maintenir entièrement sa protection sociale, continûment rognée. Contrairement à une idée reçue, et comme le souligne ATTAC dans le même article, les dépenses de l’État sont « globalement stable[s] depuis plusieurs années », et « [ont] même diminué par rapport à [leur] point le plus haut atteint en 1993 », exprimées en part de PIB. Si les dépenses diminuent, c’est bien entendu pour résorber la dette, nous dit-on, pourtant techniquement imputable à la privatisation de la création monétaire.
Un gagnant, la finance
Faute d’arguments vraiment convaincants, Albertini ergote, enfin, sur l’importance de la loi : expliquant ici qu’il reste possible pour l’État d’emprunter auprès de la banque centrale sur autorisation du Parlement, expliquant là que les taux d’intérêt actuellement pratiqués sont proches des minima historiques, et expliquant là, enfin, que l’État empruntait déjà auprès du privé avant la loi. Albertini tente manifestement de rassurer son lecteur. Hélas, la dure réalité, chiffrable et mesurable, est là : la charge de la dette est dorénavant le premier poste de dépenses de l’État – devant même l’Éducation nationale (5). Libérationne s’émeut-il pas que ces sommes considérables aillent aux plus riches ? Libération ne s’émeut-il pas qu’elles nourrissent une bulle financière toujours plus haute et dangereuse ? Libération ne tenait-il pas l’occasion de se demander pourquoi la merveilleuse libéralisation tant vantée met la France (et combien de pays développés) en état de déficit chronique ? L’incapacité de la gauche dite « modérée » à contester la privatisation de la création monétaire suggère, hélas, un rapport de forces défavorable qui n’est plus seulement le fait de la droite.


Yves Ducourneau, le 22 avril 2012
(membre d’ATTAC)


Illustration : budget 2011 (5)
Notes :
(1) “Tout le monde en parle, personne ne la connaît : la « loi de 1973 »”, par Dominique Albertini, le 13 avril 2012
(2) “La dette publique, une affaire rentable”, par André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, 2010, Éditions Yves Michel
Sur la période allant de 1979 à 2006, Holbecq et Derudder évaluent à 1 141,7 milliards d’euros les intérêts versés par la France au titre de sa dette (page 72).
Holbecq a depuis actualisé son chiffre, à 1 408 milliards d’euros sur la période 1979-2010. “Soldes primaires des budgets publics”, par André-Jacques Holbecq, le 3 novembre 2011,http://www.agoravox.fr/actualites/e...
(3) “La monnaie et ses mécanismes”, par Dominique Plihon, 2008, Éditions La Découverte
« L’évolution de la masse monétaire résulte du décalage entre la création et la destruction de monnaie lié aux opérations de prêt et de remboursement (de même que la population évolue en fonction de la différence entre naissances et décès). » (page 41)
(4) “Pour sortir du piège de la dette publique”, par la Fondation Copernic et ATTAC France, le 19 décembre 2011
(5) “La charge de la dette française est le second poste du budget mais son service est le 1er depuis des années ! La vérité des chiffres dérange, rétablissons les comptes !”, par Pascal Franchet, le 7 décembre 2010
Explication : le service de la dette est le second poste budgétaire en 2010 et devient le premier en 2011




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